L'injonction de l’immédiateté

Récemment, une dame me sollicite par mail pour obtenir des renseignements sur le Taiji Quan. Mail reçu lundi 08 juillet à 9h30. Réponse apportée lundi 08 juillet à 17h00. Entre 9h30 et 17h00 cette personne m’a relancé par texto, sur messenger, à nouveau par mail. Elle ne comprenait pas et ne trouvait pas normal qu’elle n’ait pas obtenu de réponse immédiate à sa demande. Cette anecdote révèle à quel point nous pouvons être prisonniers de l’immédiateté, l’hyperréactivité et l’emballement numérique dans nos relations ! Madame, le Taiji Quan se pratique lentement. Dans la pratique du Taiji Quan nous prônons l’éloge de la lenteur dans un monde en pleine accélération. La lenteur des mouvements calme le tumulte intérieur. On se calme ! J’en profite pour vous faire part d’une petite réflexion.

Les nouveaux moyens de communication (portables, courriels, réseaux sociaux…) sont appréciables, mais attention à l’instantanéité des échanges. L’instantanéité modifie les contenus des échanges et n’est pas neutre sur les mots qu’ils véhiculent. Les échanges sont souvent très fortement connotés par l’affect. Il nous semble aujourd’hui normal d’appeler ou d’envoyer un mail, un texto, un message dès que l’on pense à une personne, dès que l’on souhaite avoir une information. C’est sans doute une bonne chose, mais attention de ne pas en faire la règle ! Penser à quelqu’un ou souhaiter obtenir une information sans l’exprimer immédiatement peut aider à forger quelque chose de plus construit, de plus beau, de plus doux…Dans un monde régi par l’immédiateté pour obtenir tout, tout de suite, semble normal. Mais n’est-il pas intéressant d’apprendre l’art d’attendre. Attendre dans la paix, la détermination ou le doute, dans la confiance et la ferveur. Attendre n’est pas rester passif, mais entretenir un feu intérieur. Dans un monde ultrarapide dominé par l’immédiateté, l’insatisfaction, l’infaillibilité et le contrôle ne convient-il pas de ralentir, de patienter et de sortir de cette triade infernale qu’est l’instantanéité, l’immédiateté, l’urgence. Triade qui menace la qualité de nos échanges. Un échange a besoin d’un espace de respiration. Je donne et je laisse ce don se déployer, je reçois et je laisse ce cadeau se révéler…Donner, recevoir, rendre, écouter nécessite une temporalité que l’accélération menace grandement. JLL